Le grillon en voie de disparition.

[Alain]

La triste fin des grillons mégoteurs  
 Impondérables.  
   
Laurent Wolf
Mardi 10 octobre 2006  
 
La station Champs-Elysées-Clémenceau du métro parisien est proche du Palais de la Découverte. On peut y voir des appareils fabuleux qui semblent venir de l'époque du cinéma muet ou d'une bande dessinée sur les savants fous de la fin du XIXe siècle. On y produit à la commande des arcs électriques et on fait voler des couvercles dans les champs magnétiques pour le plus grand bonheur des petits enfants et des parents qui les accompagnent. Les usagers des transports souterrains sont informés de ces merveilles du monde mystérieux de la science par des panneaux qui ont attiré mon attention sur un phénomène écologique qui m'avait jusque-là échappé. Car il ne suffit pas qu'une information soit disponible, il faut être disponible pour la recevoir.

Je savais, pour les avoir entendus, que plusieurs stations de métro étaient habitées par de tout petits grillons domestiques, nommés aussi grillons du foyer, qui vivaient autrefois dans les cheminées d'appartement ou dans les fours de boulangers et qui, la boulangerie devenant électrique et le chauffage central, avaient dû s'exiler en sous-sol où la température de 27 à 34 degrés est idéale pour leur épanouissement. Je ne savais pas, et je l'ai appris à la station Champs-Elysées, que les grillons du métro sont en voie de disparition. Il existe même depuis 1992 une Ligue de protection des grillons du métro parisien (LPGMP) qui se bat pour le respect de leur écosystème.

Cette information m'a sauté aux yeux au moment où le gouvernement français décide d'interdire de fumer dans tous les lieux publics. Or les mégots constituaient l'essentiel de la nourriture de ces insectes musiciens. Leur survie est menacée depuis le début des années 1990 et le vote de la loi Evin qui prohibe la fumée sur les quais du métropolitain.

Les grillons avaient réussi à survivre auparavant à plusieurs assauts de la modernisation. Ils furent presque privés de nourriture quand on se mit à utiliser des véhicules aspirateurs pour nettoyer les voies ferrées et quand le ballast de cailloux fut remplacé par des rubans de béton lisses et faciles à débarrasser des restes de gâteaux et de nourritures diverses balancés par les voyageurs. Sans parler des grèves qui font descendre la température dans les tunnels.

La LPGMP proteste en vain depuis plus de dix ans contre cette atteinte à la biodiversité parisienne. Elle demande un assouplissement de l'interdiction de fumer dans le métro. Il y a peu de chances qu'elle obtienne gain de cause.

Les grillons mégoteurs auraient pu trouver refuge dans les appartements de nouveau pourvus de cheminées malgré le chauffage central si, la pente étant ce qu'elle est, la répression du tabac n'était pas promise à s'étendre un jour ou l'autre aux espaces privés. La production légale de mégots tendra alors vers zéro, et les grillons n'auront plus qu'un espoir, la fondation d'une ONG spécialisée dans la production de mégots par des machines à fumer.


http://www.letemps.ch/template/societe. ... cle=191171

[Alain]

Triste fin.  
C'était sympa, ces petites bétes dans les fournils.