Breton: "On paie les 35 heures"

L'actualité autour de la boulangerie pâtisserie.
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Alain
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nov. 2006
mercredi
15
07:57

Le ministre de l'Economie reconnaît que certains prix ont fortement augmenté. Responsable selon lui: la loi sur la réduction du temps de travail qui a alourdi les coûts.

Contrairement à ce qu'affirment les chiffres officiels, les Français disent avoir perdu du pouvoir d'achat. Ont-ils tort?


Indiscutablement, c'est ce qu'ils ressentent dans leur quotidien, et c'est donc une réalité. Pourtant, la progression globale du pouvoir d'achat, mesurée par l'Insee avec des principes statistiques éprouvés, est incontestable: + 2,3% pour cette année et + 2,8% prévus l'an prochain. Même le «chariot type», que nous avons mis sur pied ici, à Bercy, avec les associations de consommateurs, montre que dans la grande distribution les prix n'augmentent pratiquement pas pour les produits de consommation courante depuis vingt-quatre mois. Cela ne correspond pourtant pas au sentiment général. Pourquoi cette différence? Parce que les indicateurs sont décalés par rapport aux transformations de la société. Nous ne sommes plus dans une économie majoritairement industrielle, mais dans une économie où le poids du tertiaire ne cesse de croître, ce qui nous oblige à revoir nos modèles. Les services représentent aujourd'hui plus de 40% de la consommation, ce qui était loin d'être le cas il y a seulement vingt ans. Notre appareil statistique a pris du retard, en France comme ailleurs en Europe. Un phénomène nouveau, c'est le poids croissant des «dépenses-contraintes», en ce sens qu'elles pèsent sur le budget des ménages dès le début du mois. Elles font souvent l'objet de prélèvements automatiques. Certains de nos concitoyens ont donc le sentiment que leur pouvoir d'achat réellement «disponible» se rétrécit. C'est pourquoi la loi sur la consommation que je viens de présenter et qui sera examinée par le Parlement au premier trimestre de 2007 vise à accroître la concurrence et à donner plus de souplesse et de transparence aux consommateurs pour ce type de dépenses. Je souhaite, par ailleurs, que les banques communiquent systématiquement et gratuitement à tous leurs clients la liste de ces prélèvements automatiques.

L'euro n'a-t-il pas fait monter les prix?
Personne ne peut nier que lors du passage à l'euro certains biens courants ont vu leurs prix augmenter. J'ai regardé en détail l'évolution des prix en France et chez nos partenaires qui ont adopté la monnaie unique. La réalité, c'est que, pour beaucoup de biens de consommation courante, les prix ont plus fortement augmenté en France que chez nos partenaires. D'ailleurs, regardez, ce débat est bien moins vif chez eux, donc l'euro n'est pas seul en cause.

Le débat est très vif en Italie!
Peut-être, mais pas en Allemagne, pas en Belgique, pas aux Pays-Bas, etc. Certes, il y a eu une tendance à la hausse des prix avec les arrondis du passage à l'euro. Mais cela s'est fait en une seule fois et, cinq ans après, on incrimine encore la monnaie unique!

Alors, quelle est, selon vous, l'explication?
C'est la hausse du coût du travail due au passage aux 35 heures. Les prix ont fortement augmenté dans ce que j'appelle les «produits et services de proximité» qui incorporent une part de main-d'œuvre importante et souvent payée autour du Smic. Prenons un exemple: en cinq ans, le prix de la baguette de pain a progressé de 23% en France; celui du pain allemand comparable a baissé de 3%! Pourtant, la farine, l'eau et l'électricité n'ont quasiment pas augmenté sur cette période! Les boulangers ne sont pas en cause, car ils ne pouvaient pas réaliser immédiatement des gains de productivité et ils ont dû répercuter la hausse des coûts directs et indirects du travail, plus forte en France que dans les autres pays. C'est donc le consommateur qui paie encore les 35 heures.

La hausse de la baguette, c'est la faute des 35 heures?
Absolument, dans la hausse du prix de la baguette depuis 2001, il y a bien sûr le coût des 35 heures, et ça, on l'a trop caché aux Français. Au total, ils auront payé trois fois cette mesure unique au monde ces six dernières années. Premièrement, on vient de le voir, par une augmentation importante de certains prix à la consommation. Deuxièmement, les Français ont payé les 35 heures par la stagnation des salaires moyens: la loi sur la RTT a provoqué une modération salariale pour les salaires supérieurs au Smic, modération d'ailleurs revendiquée par le gouvernement Jospin à l'époque. Aujourd'hui, Dominique Strauss-Kahn dit vouloir «casser la machine à faire des pauvres». Mais ce sont les socialistes qui l'ont inventée avec les 35 heures! Troisièmement, les 35 heures ont alourdi la dette de la France à hauteur de plus de 100 milliards d'euros (20 milliards d'euros par an), notamment pour financer par l'emprunt les allégements de charges qui compensent une partie du surcoût du travail en dessous de 1,6 Smic.

Mais ce choc n'est-il pas digéré?
Non. Contrairement à ce que certains prétendent, nous continuons à subir les effets nocifs des 35 heures. Elles nous ont d'ores et déjà coûté 2 points de croissance du PIB, que nous n'avons toujours pas rattrapés. Si les trois premières années du quinquennat ont été marquées par une faible progression des rémunérations, c'est parce que les entreprises ont ainsi tenté d'amortir les 35 heures. La mécanique des allégements de charges, limitée aux salaires inférieurs à 1,6 Smic, a également joué un rôle pervers: pour être sûres d'en bénéficier, les entreprises ont tendance à maintenir les salaires en deçà de ce seuil! Si nous voulons rattraper ces 2 points de croissance du PIB, et ne plus en perdre à l'avenir, il est indispensable de renégocier l'adaptation des 35 heures par branche d'activité ou par entreprise, comme je ne cesse de le dire.

Les salaires n'ont-ils pas plutôt souffert du ralentissement de la croissance depuis 2001?
Mais c'est lié! Les 35 heures ont pesé très négativement sur la croissance depuis 2001. En termes de revenus, cela a joué, notamment sur les primes et les bonus, mais je constate que l'année 2005, malgré une croissance assez modeste [1,2% ], a permis de réamorcer un mouvement de hausse des salaires qui se poursuit en 2006.

Le ministre de l'Economie va-t-il toujours faire ses courses au marché le dimanche matin?
Oui, toujours. Et je vois bien que certains prix ont très fortement augmenté, notamment ceux de nombreux produits frais, comme les pommes. Et pourtant je sais que les producteurs souffrent, mais il est vrai que le coût de la main-d'œuvre a explosé: entre-temps, les 35 heures sont passées par là.


http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=7152
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L.Alain a écrit :
en cinq ans, le prix de la baguette de pain a progressé de 23% en France; celui du pain allemand comparable a baissé de 3%! Pourtant, la farine, l'eau et l'électricité n'ont quasiment pas augmenté sur cette période! Les boulangers ne sont pas en cause, car ils ne pouvaient pas réaliser immédiatement des gains de productivité et ils ont dû répercuter la hausse des coûts directs et indirects du travail, plus forte en France que dans les autres pays. C'est donc le consommateur qui paie encore les 35 heures.

La hausse de la baguette, c'est la faute des 35 heures?
Absolument, dans la hausse du prix de la baguette depuis 2001, il y a bien sûr le coût des 35 heures, et ça, on l'a trop caché aux Français. Au total, ils auront payé trois fois cette mesure unique au monde ces six dernières années. Premièrement, on vient de le voir, par une augmentation importante de certains prix à la consommation. Deuxièmement, les Français ont payé les 35 heures par la stagnation des salaires moyens: la loi sur la RTT a provoqué une modération salariale pour les salaires supérieurs au Smic, modération d'ailleurs revendiquée par le gouvernement Jospin à l'époque. Aujourd'hui, Dominique Strauss-Kahn dit vouloir «casser la machine à faire des pauvres». Mais ce sont les socialistes qui l'ont inventée avec les 35 heures! Troisièmement, les 35 heures ont alourdi la dette de la France à hauteur de plus de 100 milliards d'euros (20 milliards d'euros par an), notamment pour financer par l'emprunt les allégements de charges qui compensent une partie du surcoût du travail en dessous de 1,6 Smic.
Pour une fois qu'on a un ministre qui le dit.
Dommage que ce soit en fin de mandat. Cela ne changera pas grand chose.
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