Les planteurs de cacao de Sao Tomé rêvent

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Alain
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mars 2006
lundi
27
23:09

Les planteurs de cacao de Sao Tomé rêvent d'obtenir le label "bio"

Assis sur un muret, Victorino Rodrigue Tavarez est désoeuvré. Sa plantation de cacao dans le nord de Sao Tomé est quasiment à l'abandon et le jeune homme rêve d'obtenir le label "bio" pour relancer la production et en exporter les fruits vers l'Europe.

"Avec la sécheresse des dernières années, mon cacao n'a pas survécu. Le rendement est devenu presque nul", explique cet agriculteur trentenaire au visage doux.

"L'agriculture ne rapporte plus grand chose. Une bière coûte 10.000 dobras, un kilo de haricots 20.000. Je ne gagne même pas ces sommes en un jour, comment survivre dans ces conditions?" demande-t-il.

Alors, Victorino passe le plus clair de son temps à ne rien faire à Agostinho Neto. Cette "roça", une ancienne grande exploitation héritée de l'ère coloniale, était jadis le fleuron de l'agriculture de l'archipel de Sao Tomé et Principe, dont le cacao a toujours été le principal atout.

Aujourd'hui, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'hôpital et l'école, bâtis par les colons portugais pour redorer leur blason après les temps sombres de l'esclavage, tombent en ruine, et plusieurs dizaines de familles de planteurs y vivent dans le dénument.

L'avenir de l'agriculture, principale activité de cet archipel d'une extrême pauvreté, s'est alors imposé comme l'une des questions centrales du débat électoral avant les législatives de dimanche.

"Le prochain gouvernement, il faudra bien qu'il nous aide", s'emporte Victorino, entouré d'un petit groupe de planteurs qui partagent ses inquiétudes. La plupart d'entre eux ont reçu de l'Etat une petite parcelle d'un hectare en moyenne après la fin du régime marxiste, en 1990.

"La solution, on la connaît: si on obtient une certification +biologique+ pour notre cacao, on le vendrait beaucoup plus cher et des Européens viendraient l'acheter", assure l'agriculteur, approuvé par ses amis. "C'est déjà le cas ailleurs dans l'île, pourquoi pas à Agostinho Neto?"

De fait, le label "bio" peut changer la vie d'un planteur. Victorino vend actuellement un kilo de fruits de cacao pour 2.500 dobras (0,17 euro). S'il obtenait des fonds pour améliorer sa production, sécher les fèves sur place et payer la certification, ce prix passerait à 16.500 dobras (1,10 euro)!

Jeronimo Sebastiao Dias Mota en sait quelque chose. Grâce à un projet financé par des ONG internationales, sa "roça" de Monte Forte, également dans le nord de Sao Tomé, produit depuis un an et demi du cacao bio, certifié par un technicien européen qui en vérifie la qualité.

"Je gagne beaucoup plus qu'avant et je suis assuré d'écouler toute ma récole à un prix élevé et stable", se réjouit-il en montrant les chambres qu'il a pu aménager, grâce à ses gains, pour transformer une partie de la "roça" en maison d'hôtes pour les touristes.

"Le pays est trop petit et les cours du marché mondial sont trop bas pour miser sur la quantité. Il doit tout parier sur des produits haut de gamme, que ce soit pour le cacao, le café ou la vanille", estime un diplomate étranger.

Les principaux partis en lice pour le scrutin législatif se sont engagés dans leur programme à travailler dans ce sens, pour que les 3.000 à 4.000 tonnes de cacao que l'archipel produit chaque année deviennent plus rentables.

Mais certains planteurs qui produisent déjà du cacao de qualité mettent en garde contre le "mirage" du label "bio".

"Les paysans ne peuvent pas se payer seuls cette certification, ils vont être dépendants de l'aide internationale", souligne l'un d'eux. "Le jour où un planteur perd ces financements, il risque la ruine même si son cacao ne devient pas moins bon pour autant".
Du fabrication maison & rien d'autre.
Ne vendre que ce que l'on est capable de manger soi même.
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