Au Parlement, les socialistes européens demandent à la France de juger une affaire de beurre frelaté
Une vaste fraude, qui pourrait porter sur 100 millions d'euros, met en cause plusieurs entreprises françaises et belges ayant travaillé avec des sociétés liées à la mafia italienne.
Bruxelles de notre bureau européen
Quand Paulo Casaca, eurodéputé socialiste des Açores, reçoit des lettres de petits paysans de sa circonscription, se plaignant des tracasseries dont ils sont victimes à propos de leurs quotas laitiers, il s'agace de ce que "les gros fraudeurs, eux, ne soient jamais inquiétés".
Avec le soutien du groupe du Parti socialiste européen, ce parlementaire spécialiste du contrôle budgétaire a indiqué, le 16 janvier, qu'il va demander à la France, ainsi qu'à la Belgique, pourquoi elles n'ont toujours pas jugé des entreprises d'agroalimentaire soupçonnées d'avoir indûment perçu quelque 100 millions d'euros, dans une vaste affaire de beurre frelaté, pourtant révélée en juillet 2000.
C'est en enquêtant sur la mort de deux hommes, tués dans une laiterie près de Naples, que la justice italienne a découvert cette fraude, en 1999. Grâce aux confessions d'un repenti, elle apprend que deux familles ont, avec le soutien de la Camorra, obtenu le monopole de la commercialisation du beurre. Leur entreprise, "Italburro", fabrique depuis 1996 du beurre frelaté, ne contenant pas, ou peu de lait, mais du suif de bœuf et des hydrocarbures. Elle le revend au prix normal du beurre, ce qui lui permet d'engranger de copieux bénéfices. La fraude a porté sur quelque 16 000 tonnes, selon l'Office de lutte antifraude de l'Union européenne, qui a fait cette annonce en juillet 2000. L'OLAF, basé à Bruxelles, a été saisi par la justice italienne, afin qu'il facilite ses contacts avec plusieurs de ses homologues européennes.
Le beurre frelaté, en effet, a été revendu en France, en Belgique et en Allemagne, à des entreprises agroalimentaires. Ces sociétés l'ont, soit transformé en huile, et exporté vers des pays tiers de l'Union européenne, ce qui leur a permis de toucher des subventions à l'exportation, soit utilisé dans la pâtisserie industrielle, ce qui leur a permis de percevoir des aides directes.

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Rédaction : © 2004 Equipe BoulangerieNet
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