Les mycotoxines des céréales 3-4



3. Les analyses de fusariotoxines


Les analyses pour doser les teneurs en mycotoxines évoluent. Ici le chapitre se focalise toujours sur les toxines de Fusarium. Les techniques d'analyses qui ont recours à la suspension / dilution favorisent plutôt les moisissures très sporulantes (voire note 10), comme les Aspergillus et Penicillium présentes à la périphérie des grains. Et cela au détriment des espèces moins sporulantes, comme les Fusariums, dont le mycélium s'implante dans les tissus périphériques. [22] Comme toujours aussi le test rapide choisi par sa facilité opérationnelle et surtout son moindre coût, devrait conduire à plus de prudence d'interprétation même s'il est valable en termes d'identification de lots infestés ou premières analyses. Il semble bien qu'il faut déjà préférer les dosages chromatographiques aux kits immuno - enzymatiques dits "Elisa" qui ne peuvent être utilisés comme méthode de dosage, mais plutôt repérage. Ces tests évaluent la teneur par coloration et il faut être prudent pour les dosages quantitatifs. De plus des "faux positifs" élèvent la teneur jusqu'à 6 fois la valeur réelle (CAHAGNIER, 05/2001, p.26 et RAIMBAULT, 2005, p. 28 à 30).

Tableau de RAIMBAULT, ci - dessus qui compare les coûts des 2 types d'analyses



CAHAGNIER écrit, p. 24; "on décèlera presque toujours quelques ppb (partie par billiards équivalent au microgramme / µg) de l'une ou l'autre mycotoxine sans que ce soit péjoratif pour le produit au niveau de la santé publique . . . Parfois malheureusement, la détection de ces métabolites toxiques dans certains produits de base ont essentiellement pour but d'obtenir des avantages soit financiers, soit commerciaux". On remarquera que dès qu'un marché s'européanise ou se mondialise, certains pays n'hésitent pas à sortir des limites norminatives ou de salubrité plus stricte afin de faire barrière aux importations.


4. Pour la lutte préventive, il faut appréhender...


Les méthodes de culture.
Le climat que subit la récolte.
Les pratiques de stockage.
Ces trois points ont leurs importances quand à cet accident qu'est la production de mycotoxines.

4.1. Dans les méthodes de culture, il faut d'abord citer par ordre chronologique, le non-labour qui garde plus que les méthodes de labour des reliquats de récolte précédente où les chances de survie sont plus forte pour l'innoculum. La récolte de maïs plus sujette à cette contamination des Fusarium [23] fait porter le risque d'ensemencement des moisissures dans la culture qui la suit sur la terre dans la rotation. [24] La fertilisation azotée semble aussi favoriser des niches à contamination lorsque que des acides aminés libres ne sont pas assimilés par la plante. [25] D'autres personnes, défenseurs des produits phytosanitaires et d'agriculture dite "raisonnée", diront que le traitement aux pesticides appropriés aux moisissures (les fongicides) réduit fortement le risque. Si les traitements fongiques influent, le raisonnement n'est pas si simple qu'on pourrait le penser. [26] Enfin la réponse de résistance aux maladies fongiques peut être différente au niveau variétal.

4.2. Les mycotoxines des Fusarium sont plutôt hygrophyle (= aime l'humidité), c'est principalement dans les champs qu'elles se forment. Bien sur, une année pluvieuse va favoriser le développement des désoxynivalénol, nivolénol, zéralénone et fumonisines propres à cette moisissure. Il existe ainsi des années à fusarioses suivant le climat que la région de culture a subit. C'est alors qu'il faut être plus vigilant et éventuellement trié quand il est encore tant. Ce critère du climat à une prévalence sur les autres cités dans ce chapitre de lutte préventive.

4.3. Au stockage, c'est un autre milieu, principalement plus propices à la production d'aflatoxines et autres ochratoxines puisque les Aspergillus s'y développeront mieux. Pour les moisissures Fusarium et Altenaria c'est pas leur "tasse de thé", puisque la microflore du stockage, est dite xérotolérantes (qui supporte les milieux secs). Avec les connaissances sur les mycotoxines, on a tendance à éviter les réserves en cribs traditionnels (croquis en notes) encore fort présentes dans les pays chauds. [27] 
Avant le stockage d'un lot, il est important de nettoyer par séparation. (voir en note également) [28] 

Un résumé des prévalences à fusariose qui restent issue d'un suivi agricole plutôt qu'un suivi au cours de la transformation dérivée de la céréale.

Pour permettre de longue et saine conservation des céréales, un refroidissement par aération des céréales conservées qui va se réaliser en plus de 50 heures parfois.

Un système qui doit "traverser" la masse du bas vers le haut, qui sera utile également dans la lutte contre d'autres nuisibles (charançons, notamment) .


Notes:


[22]
La culture du maïs, plus sensible à la fusariose
Le maïs compte +/- 24 % d'humidité à la récolte (pour 13 à 15% pour le froment par ex.) d'où plus de sensibilité à la contamination et a une affinité pour une plus grande variété de Fusarium. Un prédateur primaire des grains (celui qui fait des ouvertures dans le grain et permet aux prédateurs secondaires d'entrer) est bien connu sur maïs, il s'agit de la pyrale, un papillon pondant ses larves à l'intérieur des graines ou pailles.


C'est pourquoi le maïs transgénique Bt (avec le gène du bacille thurengiensis) luttant contre ces pyrales est mis en avant comme argument positif dans la recherche pour éviter les mycotoxines (GROSJEAN, 7/2005, p. 5 & 6).




[23]
L'AFSSA va jusqu'à proposer en 2003 que c'est ce précédent maïs qui semble expliquer que les terres en agriculture biologique ont moins de fusariose et ses conséquences, parce que les tenants de l'agriculture conventionnelle et intensive choisissent plus souvent le maïs dans leurs rotations. (GROSJEAN, 7/2005, p. 5)



[24]
Fertilisation azotée intensive et moisissures
F.CHABOUSSOU signale p.227, que l'excès d'apport d'azote soluble qui ne pourront pas être protéosynthétisés, joue un rôle néfaste dans la résistance de la plante, vis-à-vis des parasites. Une observation que TUBAJIKA & coll. ont également sur la culture du maïs en Louisiane (U.S.) et production d'aflatoxine. D'autres références précisent que le "forcage" de la fertilisation azotée occasionne des membranes de graines qui s'amincissent et sont plus sujettes et exposées aux contaminations mycologiques cité par deux enquêtes reprises par MAGKOS et coll. p.39. Il s'agit de recherches de HEATON, 2001 et de WATTS, 2001.




[25]
Fongicides et mycotoxines
La protection phytosanitaire des fusariums est assurée par deux molécules (la triazole et la strobilurine). Les triazoles font chuter au mieux de moitié la fusariose et les désoxynivalénol (DON). Par contre les strobilurines favorise le développement des fusariums en éliminant un concurrent de celui-ci sur le substrat le Microdochium nivale (ex-Fusarium nivale). C'est pourquoi on conseille par précaution d'employer un mélange Triazole / Strobilurine (GROSJEAN, 7/2005, p. 5). Il est a noter qu'au Canada, une recherche tente de comprendre pourquoi l'emploi désherbant du glyphosate (l'agent actif du Round Up) entraîne l'apparition de fusarium, responsable de maladies cryptogamiques (M.FERANDEZ et A.COGHLAN). Francis CHABOUSSOU, passe en revue un des premiers constats des effets des pesticides sur la croissance des plantes cultivées et notamment le froment. Il observe que les herbicides sont responsables de l'inhibition de la protéosynthèse (p.140) et favorise les maladies fongiques (p.26 & 125). Les traitements fongicides qui prennent parfois un caractère systématique doivent aussi être considéré sous l'aspect des risques de résidus dans les nappes phréatiques et dans l'appauvrissement de la flore microbienne entourant les racines (la rhizosphère comme on l'appelle) atteignant négativement une voie importante de la fertilité du sol. V.RABAUD écrit en 2003, que 1/3 des agriculteurs désherbent et traitent aux produits fongicides sans observation préalable. 40% suivent les conseils techniques, 60% désherbent suivant l'état de la parcelle.




[26]
Le Cribs
Ce genre d'entrepôt manque d'un système d'aération servant au refroidissement de la masse.






[27]
Le nettoyeur séparateur


Coûteux, le nettoyeur - séparateur est utile lors de la pratique du stockage à la ferme




[28]
La ventillation pour refroidir le stock
Dès le XVIIIème siècle, les techniques d'aération des stocks de céréales existent en France grâce à Duhamel de Monceau.



De nos jours, la pompe à bras du XVIIIème siècle, que l'on voit plus haut, est remplacée par un ventilateur dont voici les détails techniques.







Auteur : DEWALQUE Marc, BoulangerieNet.