Durant la fermentation de la pâte, une oxydation va se réaliser. Pour parler comme un chimiste ; latome dhydrogène qui se libère (loxydation) va permette entre autres, à deux atomes de souffre de se « souder » entre-eux.
Cela va créer un lien jeté comme un ressort élastique entre deux chaînes de protéines, lien que lon appelle « pont dissulfure » (voir figure 4).
FIGURE 4 :
Les ponts dissulfures sont le lien entre 2 chaînes de protéines établi par 2 atomes de souffre. ( S S )

Pour parler comme un boulanger, lorsquon « rabat » 75 une pâte « mise en planche » 76 ou lorsquon « resserre » une pâte laissée un court temps fermenté dans le pétrin 77, on remarque tout de suite une « prise de force ». La pâte attrape un « nerf », elle se lie.
Cette « prise de force » sera surtout réalisée lors de la fermentation en masse de la pâte ; le pointage. Ce mot va bien prendre tout son sens « de mettre à point » de chercher la maturité voulue. La fermentation en masse de la pâte est dite aussi ; première fermentation. La deuxième fermentation, est appelée, lapprêt. Dans ce mot existe encore une notion de maturité à évaluer.
En fonction de la qualité de la pâte (implicitement de la farine) 78 et en fonction du type de pain que lon veut obtenir 79 , on mettra en uvre un diagramme de fermentation (répart ?ition de la durée de fermentation entre le pointage et lapprêt). La maturation de la première fermentation nous fait découvrir la prise de force.
La maturation de la deuxième fermentation est là pour profiter de la force de la pâte, pour préparer au mieux la grigne.
Dans lapprêt, il faut que la pousse ne soit pas à son maximum afin que le pâton puisse encore « donner » et « faire sa force » au four, à lendroit où on a appliqué la « signature ».
Ce crantage aidera le pâton à « s éclater ». A nous de bien faire en sorte que le gluten sexprime.
75 « Rabattre la pâte » ; cest la prendre dun coté (par exemple ;gauche) et là replier vers le centre puis faire de même avec les autres côtés (droit, arrière et avant) . Lexplication de lopération est décrite deux notes plus loin , lorsquon explique lexpression et la fonction de « resserré la pâte ».
76 « Mise en planche » est un vieux mot du métier qui signifie, sortir la pâte du pétrin et la déposer sur létabli (généralement en bois)
77 « Resserré la pâte dans le pétrin » signifie donner quelques tours (pas plus) en première vitesse et arrêter lorsque la pâte se lisse et certainement avant quelle ne se déchire (signe de rupture de lissage de la pâte sur le bord du pétrin). Cest comme si on enlevait latome dhydrogène venu se fix ?er entre les deux atomes de souffre et lon recréait le « pontage dissulfurés », cest un image que jaime beaucoup et qui peut se comprendre par les figures 4 & 5 . Ce « resserage » se réalise mieux après une légère levée de la pâte. Trop lévé (ou trop décart ou trop doxydation) la pâte a difficile à se « relier ».
78 La qualité de la farine doit dévoiler quelques caractéristiques après le pointage. Avec un peu dexpérience, vous pourrez remarquez si le gluten est tenace (tient la pâte fort ronde) ou ne tiendra pas longtemps (sil est extensible ou court). Ces deux aptitudes se jugent à lalvéographe Chopin (respectivement le P et G ) décrit plus loin qui permet de comprendre dune autre manière des notions parfois difficile à percevoir au début.
79 Il est clair que si lon obtenir des baguettes (pâte riche en croûte et avec grandes alvéoles), la recherche de renforcement du gluten est moins précieuse que si lon veut obtenir des pains ou miches dun kilo ou plus riche en mie finement poreuse.